Tribune. Le président de la République, Emmanuel Macron, nous l’a annoncé : « La reconstruction économique, écologique et solidaire sera la clé notre indépendance. » En matière agricole et alimentaire, la crise due au Covid-19 a montré que notre fragilité se logeait dans la dépendance aux importations et que la relative solidité de notre souveraineté alimentaire tenait dans la puissance et la créativité des circuits courts entre production agricole et consommateur, entre campagne et ville.
Climat, biodiversité, santé, le modèle agronomique européen est au bout du sillon, en échec patent. Alors, sans attendre, emboîtons le pas à l’ambition présidentielle. La première des qualités d’une décision politique est la cohérence entre les idées et les actes. Pour ce qui nous intéresse, cela se mesure à la capacité d’une activité humaine à se couler dans la dynamique d’un écosystème.
Le premier signe de cohérence serait de créer un grand ministère de l’écologie incluant l’agriculture, tant cette dernière affecte le climat, la biodiversité et la santé. Le second signe serait de placer l’enseignement agricole sous l’autorité de l’éducation nationale. Car l’avenir appartient aux jeunes agriculteurs bien formés aux défis de la transition écologique. Le troisième signe serait d’admettre les agriculteurs dans le régime général d’assurance sociale et de retraite, pour que nous fassions société avec celles et ceux qui nous nourrissent.
Garantie de transparence
Pour gérer l’onde de choc qu’un tel changement de cap provoquerait dans le corporatisme agricole et imaginer démocratiquement l’avenir de notre agriculture et de nos façons de se nourrir, il serait bon de transformer les chambres départementales d’agriculture en « parlements de la nature et de la nourriture » où seraient représentés tous les usagers de la nature. Un lieu qui donnerait à la nature une place politique.
Pour arrimer l’agriculture aux engagements climatiques pris en 2015 par la France à la COP21, il suffirait de conditionner au climat, à la biodiversité, à la ressource en eau, les 20 milliards annuels de concours publics à l’agriculture dès le premier euro versé. Ce qui permettrait de financer la transition climatique et écologique de l’agriculture sans augmentation de budget.
Pour « bâtir de nouveaux équilibres dans les pouvoirs et les responsabilités », comme le souhaite le président de la République, on peut ne pas décider de l’agriculture depuis Paris. Rien n’empêche de transférer la gestion des subventions de la politique agricole commune (PAC) aux régions. Les élus régionaux sont les mieux à même d’identifier les besoins et enjeux territoriaux et d’offrir une garantie de transparence à la portée du citoyen. Cela contribuerait à la territorialisation des filières agroalimentaires, c’est-à-dire au partage sur leur territoire de la valeur qu’elles génèrent.
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June 26, 2020 at 07:56PM
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« Arrimer l'agriculture aux engagements climatiques de la France » - Le Monde
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