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Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie fait sa première sortie officielle dans la Manche - La Presse de la Manche

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Julien Denormandie (au milieu) a visité l’exploitation agricole de Pierre Rihouet (à droite) à Périers, accompagné du sénateur Jean Bizet (à gauche).
Julien Denormandie (au milieu) a visité l’exploitation agricole de Pierre Rihouet (à droite) à Périers, accompagné du sénateur Jean Bizet (à gauche). (©Alexandra ADAM)

Le défi des agriculteurs manchois est de transmettre leur passion afin de passer le relais aux plus jeunes. C’est en tout cas le message qu’ils ont souhaité faire passer à Julien Denormandie, successeur de Didier Guillaume au poste de ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.

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Difficultés et inquiétudes

Il a écouté avec attention les difficultés que rencontrent les acteurs de la filière agricole réunis lundi, à la ferme de François Rihouet à Périers. Des inquiétudes dont témoigne son père, Pierre Rihouet, qui s’est mis à son compte en 1977 avant de lui laisser sa place. Fier de ce qu’est devenue son exploitation, le retraité explique :

On a laissé nos enfants faire des études et on ne pensait pas que Pierre se destinait à reprendre la ferme. On a d’abord essayé de l’en dissuader. C’est beaucoup d’investissement

Et il semble qu’il n’avait pas tout à fait tort. « Le prix de la viande a perdu de 10 à 15 % par rapport à la même date l’année dernière, et la Covid n’y est pour rien », explique François Rihouet, l’actuel propriétaire des lieux, qui reçoit le nouveau ministre pour sa première sortie officielle.

Davantage de transparence et de cohérence

Michel Hamel, ancien président de la FDSEA et créateur de la Filière qualité race normande (FQRN) le déplore aussi :

Le constat est clair : ce sont les deux abattoirs qui empêchent de monter les prix de la viande. Pour équilibrer le prix des carcasses, quelles que soient les races, il fallait accepter d’augmenter le prix du steak haché. La grande distribution a joué le jeu mais jusqu’à aujourd’hui, aucun centime n’est retourné dans la poche des éleveurs.

Un an après l’adoption de la loi Egalim, les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous du côté des éleveurs, qui continuent de voir arriver la viande étrangère à bas prix, sur les étals des supermarchés. Malgré le relèvement du seuil de revente à perte (NDLR : la limite de prix en dessous de laquelle un distributeur ne peut revendre un produit sous peine de sanction), François Rihouet n’en voit pas les bénéfices.

Il fait face au même problème pour la vente de son lait. Pour conserver sa productivité, il complète son élevage de vaches de race, principalement normande, en produisant du lait qu’il revend à une coopérative. Il est ensuite transformé en beurre et crème d’Isigny d’appellation d’origine protégée, et pour une bonne partie, vendu à l’étranger.

« On est d’accord pour échanger mais avec des règles claires et comparables », explique François Rihouet, qui appelle Julien Denormandie à exiger davantage de transparence et de cohérence au Parlement européen, qui a conclu un accord avec les pays du Mercosour (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay).

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Des produits français de qualité

Conscient de ces inégalités, le ministre se dit prêt à faire face et entend les propositions qui lui sont faites. Tout en prenant note, il assure :

On a un gros défi : serrer la vis sur la répartition de la création de la valeur entre le producteur, le transformateur et l’agriculteur ou l’éleveur. Pour la première fois, on a pris le bon chemin, c’est la loi Egalim (promulguée en 2018, alors que Stéphane Travert était ministre de l’Agriculture). Maintenant, il faut aller beaucoup plus loin. Il faut vérifier et faire l’état des lieux.

Mais le nouveau ministre pense aussi au dernier maillon de la chaîne : les consommateurs. Il poursuit :

Il faut leur dire que l’agriculture française est celle qui les protège le mieux. Ça va coûter plus cher d’acheter un poulet élevé en France qu’un poulet qui vient du Brésil, c’est une réalité.

De nombreux départs à la retraite d’ici dix ans

Face aux inégalités sociales, Julien Denormandie s’engage à être le médiateur qui donnera aux consommateurs les moyens d’accéder à des aliments français de qualité.

C’est à nous, État et collectivités, de réussir à accompagner cette belle agriculture, celle qui est la plus durable et la meilleure pour notre santé, pour permettre à tous d’y avoir accès. Ce ne sont pas les paysans qui doivent payer pour tout le monde. 

Pourtant le découragement ne cesse de croître, alors que près de 50 % d’agriculteurs manchois vont partir à la retraite d’ici dix ans, les jeunes ne se bousculent pas pour prendre la suite. Rémi Bailhache, un exploitant voisin, prévient :

Attention, certains exploitants ne veulent pas entendre parler d’exploitation laitière. Ils délaissent les vaches laitières au bénéfice des céréales. On aime notre métier, se lever le matin c’est pas un problème. Ce qu’on demande, c’est avoir des conditions de vie décentes et de la reconnaissance. 

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Au sujet des carottes de Créances
Le maire de la commune de Créances, Henri Lemoigne, a demandé à Julien Denormandie de faire du dossier épineux des carottes de Créances une priorité. « Les maraîchers attendent la validation du plan d’action collectif par l’État, réclame l’édile. Il conditionne les modalités de mise en œuvre de nouvelles pratiques. Ils veulent connaître les techniques alternatives et faire des tests sur les parcelles sableuses Ils ont besoin d’une décision rapide de votre ministère. »
L’interdiction d’utiliser le dichloropropène, qui lutte contre le ver qui détruit les carottes sableuses, a engendré des licenciements parmi les 80 exploitations. « Nous sommes passés de 40 000 tonnes produites par ce bassin à 25 000 tonnes », poursuit le maire de Créances. Près de 1 000 hectares sont concernés. Et les maraîchers assistent, impuissants, à la vente de carottes venues tout droit d’Espagne, où l’agrément du dichloropropène a été renouvelé par l’État.
Le ministre se montre rassurant et s’inscrit dans le projet porté par son prédécesseur.
« J’ai eu Stéphane Travert au téléphone le jour de ma nomination, et s’il y a bien un dossier qui lui tient à cœur, c’est celui-ci. Il a demandé à ce que les engagements qu’il avait obtenus lorsqu’il était ministre de l’Agriculture soient tenus. Et je m’engage à faire en sorte que ça soit bien le cas, réagit Julien Denormandie. Ce que j’ai d’ores et déjà obtenu de FranceAgriMer (NDLR : établissement national des produits de l’agriculture et de la mer), c’est qu’il y ait un fonds de compensation qui soit mis en place très prochainement et qui pourra monter jusqu’à 1 million d’euros. »

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July 14, 2020 at 03:30PM
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