Pour sortir du glyphosate, les agro-équipementiers ont besoin de cinq ans pour équiper les fermes. A la demande de l'agence sanitaire Anses et du ministère de l'Agriculture, Axema, le principal syndicat des industriels de l'agroéquipement, a fait le point sur ses capacités pour accompagner les agriculteurs dans le remplacement du glyphosate. "L'objectif de cette étude était d'évaluer les capacités industrielles de la filière des agro-équipements à assurer le remplacement du glyphosate notamment dans l'arboriculture et la viticulture", précise à L'Usine Nouvelle Alain Savary, directeur général d'Axema.
Des industriels déjà à saturation
Résultat : les 69 entreprises françaises et étrangères qui fournissent le secteur sont d'ores et déjà au maximum de leurs capacités de production et n'ont pas, à court terme, la possibilité de faire évoluer leur offre.
"Il s'agit essentiellement de petites et moyennes entreprises qui ne prendront la décision d'investir qu'une fois le texte de loi interdisant le glyphosate adopté", analyse Alain Savary. Car c'est là l'un des autres enseignements de l'étude: les entreprises, bien que conscientes des évolutions de la société, ne comptent pas anticiper une interdiction.
Cinq ans pour répondre à la demande
Le désherbage mécanique, via le plus souvent, un système de lames ou d'outils rotatif, permet à l'agriculteur grâce à un passage trois à quatre fois par an dans les rangs de ses cultures d'en retirer les mauvaises herbes.
A l'heure actuelle, seules 10% des 50 000 fermes de l'arboriculture et de la viticulture sont équipées en machines de désherbage mécanique. "Compte tenu des projets de croissance et de construction de nouvelles usines annoncés par les industriels, la capacité de production du secteur pourrait être multipliée par deux en un an et par trois d'ici à trois ans", détaille Alain Savary.
Il faudra cinq ans au total pour que le secteur des agroéquipements soit 100% prêt à répondre à la demande des agriculteurs.
Le frein: la difficulté à recruter
Le secteur souffre de deux freins principaux pour s'adapter: le manque de fonds propres et les difficultés pour recruter. Sur le front de l'emploi, deux niveaux sont à distinguer: d'abord la question du recrutement des talents dans les réseaux de distribution, mais également de la main d'œuvre dans les champs. "On estime qu'il pourrait y avoir besoin de recruter 10 000 chauffeurs pour passer les machines sur le terrain", confirme Alain Savary.
Le secteur propose donc de créer un "label" d'emploi "agro-éco responsable" qui permettrait d'attirer les jeunes.
Accompagner les industriels dans la transition
Axema demande également un accompagnement des industriels afin qu'ils puissent répondre à cette nouvelle demande. Pour Frédéric Martin, président d’Axema : "les entreprises du secteur investissent depuis plusieurs années dans les technologies de demain pour accompagner la transition agroécologique. Mais pour ce faire, il faut donner les moyens aux industriels de les produire et aux agriculteurs de pouvoir s’en équiper. Cela passe par un soutien économique impératif des pouvoirs publics. C’est à cette seule condition que le marché pourra véritablement se développer. Il en va d’une transition efficiente vers un modèle plus vertueux et recentré sur les fondamentaux de l’agro-écologie"
Le syndicat suggère, par exemple, que les entreprises nouent des partenariats industriels pour développer leur production via une sous-traitance en France ou à l’étranger. Elles pourraient également "s’adosser à un groupe industriel plus puissant, disposant des outils de production ou des moyens financiers pour réaliser leur ambition de transition", ajoute le syndicat.
Une troisième voie évoquée consisterait en un regroupement des acteurs du marché par fusions-acquisitions. Le syndicat publiera, d'ici trois mois, une étude similaire sur le secteur des grandes cultures.
July 13, 2020 at 11:00AM
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