En faisant le déplacement ce mercredi dans le Sancerrois au chevet d'un secteur viticole en difficulté, le Premier ministre Jean Castex, accompagné de son ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation Julien Denormandie , acte d'une certaine manière que cet été est bien celui de tous les dangers pour l'agriculture française. On ne compte plus en effet les fléaux qui s'abattent les uns après les autres sur telle ou telle production agricole.
Une épidémie sans précédent d'abord, provoquant une double crise sanitaire et économique qui, dès le printemps, a coupé l'herbe sous le pied des premières récoltes de fruits et légumes. Une guerre commerciale aussi, entre l'Amérique de Trump et l'Union européenne sur le dossier Airbus-Boeing, avec la surtaxation de 25 % sur les vins importés de France aux Etats-Unis. Une sécheresse estivale, qui n'a plus rien d'exceptionnel mais qui semble inexorablement se durcir, avec un mois de juillet le plus sec dans l'Hexagone depuis plus de 60 ans, menaçant les récoltes de maïs après une campagne céréalière pauvre dans les blés.
Succession de fléaux
Sans compter les attaques de pucerons verts dans les betteraves, posant à nouveau la question de l'usage des produits phytosanitaires dans les cultures, les pressions toujours plus fortes des militants pour le bien-être animal, ou des prix à la production jugés encore trop souvent insuffisants, provoquant de vives tensions entre éleveurs et transformateurs, vignerons et négociants…
En témoigne le désaccord persistant au sein du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), censé fixer le rendement de l'appellation. Viticulteurs et maisons de champagne continuent de négocier tandis que se profile déjà le début des vendanges, exceptionnellement précoce cette année, dans la deuxième quinzaine d'août.
Des intérêts divergents
Les premiers souhaitent un rendement à l'hectare élevé, au vu de la qualité des raisins et de la nécessité de couvrir leurs frais d'exploitation, les seconds plaidant pour une production limitée afin de prendre en compte la baisse de la consommation liée à la pandémie de Covid-19.
Chez les éleveurs, la colère gronde à nouveau. Au stress des discussions tarifaires avec l'industrie agroalimentaire et la grande distribution, accusées de vouloir tirer les prix vers le bas, s'ajoute le stress hydrique, ce manque d'eau qui fait que plus de 40 % des régions fourragères sont déficitaires, 25 % étant même en déficit important, laissant présager un hiver difficile.
Des aides européennes en hausse
Travailler avec les aléas climatiques, c'est le lot du métier d'agriculteur. Mais encore faut-il pouvoir les supporter économiquement. Or, nombre d'exploitations sont à bout de souffle. Outre les conditions météorologiques, les producteurs de fruits ont ainsi dû faire face également au manque de main-d'oeuvre et à des coûts de transport plus importants. Combinés à une production étrangère moins abondante, ces différents facteurs ont fait flamber les prix sur les marchés où les Français, rendus frileux par la crise sanitaire, se rendent moins et achètent moins.
Autant dire qu'au vu des difficultés qui s'accumulent pour les paysans, les aides européennes à l'agriculture préservées par le gouvernement français ne seront pas de trop. Au total, l'enveloppe est en hausse de 1,6 % par rapport à la précédente, à 62,4 milliards en euros courants pour l'exercice budgétaire 2021-2027, dont 51 milliards d'aides directes aux exploitants et 10,5 milliards pour la ruralité. A quoi s'ajouteront les aides du plan de relance suite au Covid-19. Des moyens qui n'épargneront pas à la ferme France d'inventer son agriculture de demain.
August 06, 2020 at 12:00PM
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L'été de tous les dangers pour l'agriculture française - Les Échos
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