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Les îles bretonnes en manque d'agriculteurs - Les Échos

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Publié le 14 juil. 2020 à 9h34Mis à jour le 14 juil. 2020 à 10h41

Méfions-nous des arbres qui cachent la forêt. Qui va sur l'île d'Ouessant au large du Finistère est généralement accueilli non loin du débarcadère par quelques moutons courts sur pattes qui gambadent librement sur l'île. Ils sont encore environ 400 à brouter l'herbe et à entretenir les chemins. On pourrait donc croire qu'Ouessant est agricole. Or, il n'existe plus aucun exploitant sur l'île, dont 1.500 hectares de terre sont totalement à l'abandon.

Globalement, dans les 15 îles bretonnes habitées - de l'archipel de Chausey en passant par Bréhat, Ouessant, Molène, Houat, mais aussi Hoédic, l'île d'Yeu et l'île d'Aix -, il ne reste plus que 80 exploitations en activité alors que 15.000 hectares de terre sont en friche ! « Il faut faire revenir les agriculteurs. Les îles sont à 90 % dépendantes des approvisionnements sur le continent », se désole Georges Birault, le président du Réseau agricole des îles atlantiques, une association qui veut redonner un avenir insulaire à l'agriculture, car elle crée des emplois et contribue à faire renaître la biodiversité.

Adjointe à la mairie d'Ouessant, Dominique Moigne a dû publier plusieurs appels à projets pour tenter d'attirer des jeunes agriculteurs. Ils sont tous revenus infructueux jusqu'à ce que la commune, composée de 800 habitants hors saison, sélectionne en début d'année deux projets, l'un pour un élevage de brebis bio et l'autre de vaches laitières également bio de la race île de Jersey. La municipalité va aider ces deux exploitants à démarrer leurs activités. Ouessant fait face à 1.500 hectares de terres agricoles désormais à l'abandon.

Reste que faire revivre l'agriculture sur les îles n'est pas une mince affaire. « Le morcellement parcellaire issu des multiples successions rend difficile la constitution d'unités cohérentes d'exploitations », ajoute Georges Birault. Les surfaces exploitables sont très petites et souvent éloignées les unes des autres.

Il pointe aussi du doigt le PLU, plan local de l'urbanisme, qu'il juge très restrictif. « Il est parfois interdit de construire un bâtiment de seulement 50 mètres carrés. »  A Bréhat par exemple, pas question que poussent de nouveaux bâtiments agricoles. Ceux déjà existants peuvent être éventuellement agrandis sur un maximum de 100 mètres carrés.

L'agriculteur entretient les espaces

Certaines initiatives redonnent espoir comme celle du couple Violaine et Sébastien Hautchamp. Installés il y a une décennie sur l'île d'Arz, au large de Vannes, ils se sont lancés dans l'élevage de vaches laitières. « On a démarré avec 40 animaux, on vient de passer à 60 car deux jeunes nous ont rejoints et font désormais partie de l'exploitation », se réjouit Violaine Hautchamp. Ses vaches paissent un peu partout dans les champs, « certains appartiennent à la commune qui nous les loue, d'autres à des particuliers qui nous laissent gratuitement y installer nos animaux, car cela permet d'entretenir leurs parcelles ». Dans beaucoup d'îles, les paysages se modifient, des endroits deviennent inaccessibles faute d'interventions agricoles régulières.

Obstacles administratifs

Violaine et son mari ne se contentent pas d'élever des vaches bio, ils transforment le lait produit en fromages (la tomme notamment), beurres, crèmes et, depuis peu, crèmes glacées. « Tous les volumes sont vendus sur l'île, aux nombreux estivants l'été mais aussi l'hiver auprès des 200 habitants. » Faire revivre les fermes crée de l'emploi et permet aux îliens de mieux profiter de l'afflux touristique.

Mais Georges Birault constate tous les jours un peu plus que les agriculteurs doivent faire face à d'incessants obstacles administratifs ou liés aux résidents. Lui et son association réclament un réel assouplissement des différentes réglementations. Il fait référence à la loi littoral très prégnante partout dans les îles. Les tunnels maraîchers, les forages, les hangars… y sont d'autant plus interdits que les riverains veillent, notamment les propriétaires de résidences secondaires. Très soucieuse de sa tranquillité, cette population se partage désormais 63 % de l'habitat des différentes îles du Ponant.

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July 14, 2020 at 02:34PM
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