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En Tunisie, l'agriculture urbaine s'installe graine après graine - Le Monde

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L’un des potagers d’Urban Green sur le toit de la banque UBCI en plein cœur de la capitale tunisienne.

A deux pas de la médina de Tunis, les colonnes hafsides du salon de Marouane Ben Miled ne sont qu’un avant-goût du passé de sa maison. Quand l’enseignant et son épouse ont restauré les lieux, ils ont découvert des silos et une citerne datant de l’antiquité sous leur salle à manger. Une aubaine pour ce couple qui avait moins des envies de créer un musée que de s’en servir pour leurs plantations… « Les silos sont idéaux pour la culture des champignons, et la citerne pour récupérer l’eau de pluie et alimenter en eau la maison », explique volontiers cet adepte du recyclage de l’eau et de la marche vers une autonomie familiale.

Marouane a ainsi transformé sa maison en jardin où la vanille grimpe sur les murs, où le salon abrite une serre et le toit un potager en bacs. « L’idée, c’est de produire une partie de nos aliments et d’avancer vers l’autonomie pour l’électricité et l’eau », rappelle l’enseignant, qui rêve de convertir au passage quelques voisins pour créer un îlot vert dans la ville.

Déjà, il commence à faire école. Et sur les toits qui jouxtent le sien, entre les paraboles et l’imprenable vue sur la capitale, un de ses voisins s’essaie aux plantations quand d’autres, qui avaient déjà commencé dès les années 1990, se relancent. Au sol, deux mûriers attirent les enfants qui revendent les fruits en centre-ville, tandis que des familles amatrices d’eaux florales guettent la floraison des bigaradiers pour distiller les fleurs au parfum d’orange amer.

« La curiosité a remplacé l’incrédulité »

Marouane n’est pas le seul à surfer sur cette agroécologie urbaine qui fait des émules un peu partout sur la planète. Mais en Tunisie, malgré la tradition agricole du pays qui représente toujours 11 % du produit intérieur brut (PIB) et près de 15 % des emplois, les fermes urbaines sont encore balbutiantes. L’urbanisation galopante – dans un pays où sept personnes sur dix vivent désormais en ville – a éloigné de nombreux Tunisiens de la campagne et seul le bouche-à-oreille permet de retrouver quelques mains vertes qui cultivent leur jardin, le plus souvent sans le dire.

Sami Boujemaa, la quarantaine, s’est installé il y a deux ans dans une propriété familiale à Carthage Amilcar, en banlieue nord de Tunis. « En arrivant sur place, on a trouvé un petit parc de 3 000 m2 qui devait appartenir à une ancienne ferme », raconte cet enseignant en physique. L’espace a été divisé en six jardins, où des familles ont planté des carrés de potagers ou semé des herbes. « Je ne traite rien, même de façon naturelle, j’essaie de préserver le sol et ses habitants naturels, insectes et bactéries. Si ça pousse, tant mieux, sinon ce n’est pas grave », déclare Sami. Novice à son arrivée, il a appris sur le tas les rudiments de la culture, sur Internet ou avec des agriculteurs du cap Bon (nord-est). Et puis, le temps aidant, il est parvenu à cultiver de quoi nourrir la dizaine de personnes qui habitent la propriété, pendant le confinement.

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September 12, 2020 at 02:00PM
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