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Agroécologie, la clé vers une agriculture plus verte ? - EURACTIV France

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Un récent rapport de France Stratégie démontre la rentabilité d’exploitations agricoles plus respectueuses de l’environnement. Pour instaurer une transition agroécologique, il propose de revoir les modes d’attribution des aides de la PAC.

Ce 22 août 2020, l’humanité avait déjà consommé l’ensemble des ressources produites par la planète en un an. Une transition écologique est urgente et elle est peut-être même à portée de main. Selon un récent rapport de l’organisme gouvernemental de réflexion, France Stratégie, des exploitations agricoles plus vertes peuvent aussi être économiquement viables. Les auteurs de ce rapport ont analysé la rentabilité de l’agroécologie et leur constat est pour le moins encourageant. Non seulement le modèle agroécologique se révèle « rentable à moyen terme », mais les exploitations bio le sont même davantage que leurs homologues en agriculture conventionnelle.

De quoi donner du grain à moudre aux instances politiques nationales et européennes. Pour encourager les agriculteurs à se tourner vers une agriculture plus verte, le rapport de France Stratégie recommande justement « de proportionner les aides publiques allouées aux exploitations agricoles – notamment les aides de la politique agricole commune – aux efforts des agriculteurs pour réduire leur impact sur l’environnement ».  Il est également suggéré d’instaurer « un bonus-malus », en rémunérant les actions positives, qui permettent de préserver la biodiversité, tout en taxant les démarches négatives, comme l’utilisation d’engrais et de pesticides. Cette taxation pourrait alors être réaffectée « au financement de la transition des exploitations ».

Une notion politique

Reste à voir si les États se saisiront de cette question. En France, le terme d’agroécologie a fait son chemin dans le jargon politique. Alors que le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a annoncé vouloir soutenir « la transition agroécologique », le rapport de France Stratégie revient sur ce concept de plus en plus usité : « L’agroécologie regroupe toutes les pratiques agricoles fondées sur une utilisation optimale des ressources naturelles pour réduire au minimum le recours des intrants de synthèse ».

De l’agriculture bio aux certifications Haute valeur environnementale (HVE) en passant par le réseau de fermes Dephy, l’agroécologie regroupe une grande diversité de modèles agricoles aux cahiers des charges plus ou moins exigeants. Engagées dans diverses démarches, ces exploitations poursuivent pourtant le même le but : diminuer au maximum l’usage des pesticides, des antibiotiques ou encore des engrais pour mieux utiliser les fonctionnalités des milieux naturels. Permaculture, diversifications des productions, plants de haies, les techniques sont variées et nécessitent une connaissance fine du terrain. « L’agroécologie, c’est compliqué d’un point de vue technique », a rappelé, lors d’un entretien avec Euractiv France, Julien Fosse, l’un des auteurs du rapport. « Elle fait appel à l’agronomie, à des pratiques de diversifications. Elle impose aussi, dans un certain nombre de cas, des variations de rendements sur des années qui peuvent être importantes. »

Bio et performance économique

Complexe, certes, mais payante. À tous les sceptiques de la rentabilité d’une agriculture raisonnée, le rapport de France Stratégie démontre que « les exploitations agroécologiques présentent en général des résultats économiques à moyen terme supérieurs à ceux d’exploitations conventionnelles ». C’est particulièrement le cas pour le bio. Avec désormais 41 600 exploitations et 2 millions d’hectares cultivés, la majorité des fermes bio s’en tirent, après transition, mieux que leurs homologues conventionnels. Pour arriver à ce constat, les auteurs de l’étude ont décortiqué les données économiques de la littérature scientifique et simulé un modèle d’exploitation agricole. Les résultats obtenus sont surprenants. Selon cette modélisation, une exploitation agricole, qui serait passée du conventionnel au bio, verrait sa marge directe, hors aides publiques, augmenter d’en moyenne 25 % une fois sa transition effectuée.

Ces chiffres varient, bien sûr, d’un secteur à l’autre. La viticulture est la filière qui s’en tire le mieux. À partir des données publiées par l’Insee en 2017, le rapport montre qu’un viticulteur bio peut espérer obtenir, à l’hectare, près de 6 000 euros d’excédent brut d’exploitation, en dehors des aides de la politique agricole commune (PAC), contre un peu moins de 3 500 en conventionnel. Julien Fosse explique cet écart considérable par « le prix de vente des produits bio, bien supérieur au conventionnel ». Bien que les chiffres pour le maraîchage et la filière « bovins lait » soient moindres, ils pointent également en faveur du bio.

Bonne nouvelle pour la planète

Cet été à nouveau, des pics de chaleur ont été enregistrés en France, oscillant souvent entre 35 °C et 40 °C. Au cœur du mois de juillet, 68 départements ont adopté des restrictions sur la consommation d’eau. Fini le temps où le réchauffement climatique n’était qu’une série de chiffres adossés au dos d’un rapport scientifique. Alors que sa réalité devient tangible, les défis à surmonter s’accroissent pour le monde agricole. « On a tendance à réduire le dérèglement climatique à la sécheresse », regrette Julien Fosse. « Mais bien d’autres problèmes vont se poser à la suite de cela. Des virus, des bactéries, des parasites vont se développer […] avec des hivers plus doux, et donc moins d’éradications de nuisibles ».

L’agroécologie peut apporter une réponse à ces défis. « En faisant appel à des variétés plus rustiques et résistantes, en diversifiant les productions sur les exploitations, en renforçant les auxiliaires biologiques qui facilitent la lutte contre tel ou tel insecte, en créant des associations de cultures qui vont permettre une croissance combinée de deux plantes moins gourmandes en eau, il est possible d’améliorer la résilience écologique », énumère le chercheur.

Vers un tout agroécologique ?

Les labels et les certifications agroécologiques permettront-ils d’amorcer une révolution verte dans l’agriculture ? Pour Pierre-Marie Aubert, chercheur et coordinateur de l’initiative Agriculture européenne à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), c’est peu probable. Pour respecter un cahier des charges exigeant, le bio, pour ne citer que le plus connu, repose sur une différence de prix importante par rapport au conventionnel. Or si l’agroécologie devient la norme, ce différentiel de prix n’aura plus raison d’être. « Actuellement, nous avons un marché très segmenté, avec des produits bas de gamme, haut de gamme, de niche, etc. et tout le monde s’en sort à peu près comme ça », soutient le chercheur. « Dans ce contexte de marché, les labels et les certifications ne sont donc pas nécessairement des vecteurs de la transition, mais peuvent au contraire favoriser le statu quo. »

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August 22, 2020 at 02:00PM
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