La crise du Covid-19, en limitant les déplacements de travailleurs, a illustré la grande dépendance de l’agriculture européenne aux saisonniers migrants. Un assujettissement qui va croissant. En France, leur part est passée de 18 % en 2010 à 24 % en 2016, parmi lesquels 64 % sont issus de pays tiers. Et malgré leur présence, l’agriculture est régulièrement confrontée à une pénurie de saisonniers. Dès le début de l’épidémie, pour répondre au problème de la fermeture des frontières, les États européens ont pris des mesures d’urgence.
Deux chercheurs du Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cristina Mitaritonna et Lionel Ragot, en ont analysé l’efficacité. Selon eux, la robotisation est la voie la plus probable pour résoudre cette question, déjà sur la table avant la crise sanitaire.
La première des solutions testées dès mars par plusieurs États, dont la France, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Allemagne, a été l’appel aux travailleurs domestiques. Sans grand succès. En juin, sur les 50 000 candidats se proposant sur la plate-forme britannique, seuls 200 ont fini par signer un contrat. En France, 5 000 ont reçu une proposition et 843 l’ont acceptée... Courte période de disponibilité, inadéquation des compétences, pénibilité...
L’allongement des heures des saisonniers déjà sur place et l’organisation de l’arrivée de migrants sous conditions sanitaires strictes n’ont pas eu beaucoup plus de succès. La régularisation d’irréguliers déjà présents sur place a été plus efficace d’un point de vue économique. C’est ce qu’ont fait le Portugal et, de manière temporaire, l’Italie. Mais cela pose un autre problème, politique cette fois
À moyen terme, robotiser une partie du travail de semis et de récolte s’imposera. Car quand le travail n’est plus là, il faut le remplacer par du capital, surtout si la technologie le permet. C’est d’ailleurs la stratégie du Royaume-Uni depuis que ses fermiers ont perdu des bras avec le Brexit. Le gouvernement a lancé un programme de 90 millions de livres pour la transformation des techniques de production agricoles et offre des subventions pour encourager les fermiers à investir dans la robotique. Les solutions ne sont pas toutes opérationnelles, mais les progrès rapides de la vision informatique, des capteurs 3D, de la robotique avancée rendent les chercheurs optimistes sur un déploiement à large échelle d’ici cinq à dix ans.
August 09, 2020 at 02:00PM
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Des robots pour remplacer les migrants dans l'agriculture, vraiment ? - Produits agricoles - L'Usine Nouvelle
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