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Sécheresse, grêle, gel… L’agriculture française au défi du changement climatique - Journal La Croix

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Si l’agriculture participe du changement climatique – le secteur produit 17 % des gaz à effet de serre émis au niveau national –, les agriculteurs en sont les premières victimes. Le spectacle qu’offrent, en ce mois d’août caniculaire, les prairies brûlées de soleil et les cultures desséchées par le stress hydrique en sont le signe le plus visible.

À cette sécheresse estivale, qui touche principalement éleveurs et cultivateurs de maïs, il faut ajouter les effets d’un automne trop pluvieux et d’un printemps trop sec qui pèsent sur les rendements de blé. Sans parler de la prolifération d’un puceron, favorisée par cet enchaînement climatique, qui menace de ruiner la récolte de betteraves sucrières.

Le fragile équilibre entre terroirs et climat

« Plutôt que de changement climatique, on devrait parler de dérèglement climatique. La multiplication des aléas - sécheresses, orages, gels - impacte de plus en plus toutes les filières », précise Jérémy Cukierman, directeur de la Wine & Spirit Academy à la Kedge Business School.

→ REPORTAGE. Sècheresse : dans les Deux-Sèvres, la longue bataille des retenues d’eau

La viticulture est particulièrement sensible à cette nouvelle donne qui bouleverse le fragile équilibre entre terroirs et climat. « On observe une avancée progressive du cycle de la vigne qui conduit à des récoltes en avance de quinze à vingt jours par rapport à une trentaine d’années. »

Il en résulte un décalage entre le moment où le raisin arrive à sa maturité en sucre – d’où une montée en alcool plus rapide – et celui, plus tardif, où il parvient à sa maturité phénolique, qui détermine ses qualités aromatiques.

L’amélioration génétique, un levier majeur

Sans révolutionner la carte du vignoble, ce changement a un impact sur le type de vins propres à chaque région. Aussi, pour garder l’identité qui fait leur succès, les professionnels ont engagé un important travail de sélection végétale.

« Il s’agit moins de trouver une nouvelle variété plus résistante, que de sélectionner dans celles plantées les individus les plus adaptés. Et de mieux exploiter un patrimoine en cépages très riche », résume Jérémy Cukierman.

En grandes cultures, l’amélioration génétique est aussi un levier majeur de l’adaptation à l’évolution climatique. Mais pas le seul. « On ne trouvera jamais la variété qui résiste à tout », souligne Philippe Gate, directeur scientifique d’Arvalis - Institut du végétal.

Augmenter la capacité de stockage de l’eau

D’autant que la hausse des températures a des effets contrastés selon les cultures. « Sur le blé, c’est plutôt mauvais. Depuis 1995, on enregistre une perte de 0,4 quintal à l’hectare par an sur un rendement moyen de 75 quintaux à l’hectare », précise-t-il.

Sur le maïs, en revanche, la montée du thermomètre pourrait être une opportunité. « La plante a besoin d’une température minimale pour fleurir. Le réchauffement lui ouvre de nouveaux territoires vers le nord », explique Philippe Gate.

À condition de pouvoir lui apporter l’eau dont il a besoin en été. « D’où l’intérêt d’augmenter la capacité de stockage dans les régions qui le peuvent pour irriguer, poursuit-il. Et, là où les réserves sont plus faibles, de diversifier les espèces cultivées et les variétés d’une même espèce afin d’augmenter la capacité du système cultural à résister aux chocs climatiques. »

Le scénario du pire

Diversifier les ressources fourragères, associer aux prairies l’assemblage de nouvelles cultures, méditerranéennes, voire tropicales, fait également partie des pistes suivies par l’Institut technique de l’élevage (Idele), à côté de la sélection d’un cheptel plus résistant à la chaleur.

« L’enjeu est important car le changement climatique pourrait, à terme, déplacer et concentrer les lieux de production au risque de condamner des milliers d’éleveurs, d’accentuer les déséquilibres territoriaux et les impacts environnementaux », avertit Jérôme Pavie, chef du service fourrage et pastoralisme à l’Idele.

S’adapter ou subir, la Ferme France n’a guère le choix. D’autant que la lutte contre le réchauffement climatique marque le pas. « Dans le pire scénario du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la température augmenterait de 4 °C d’ici à la fin du siècle, avertit Jérôme Pavie. Pour l’instant, on est pile poil sur cette tendance. »

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August 12, 2020 at 12:16PM
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